En chantier, moi c'est Yves...

Je pourrais trouver un tas d'excuses mais : Je n'y tiens pas,  à part peut être...mais non, quoique enfin bon...il y a sûrement matière car les excuses sont faites pour s'en servir et puis c'est compliqué de demander pardon, c'est un geste délicat, en équilibre entre raideur orgueilleuse et contribution larmoyante et si l'on n'arrive pas à s'ouvrir à l'autre en toute honnêteté, toutes les excuses paraissent fausses et creuses.

Pourquoi s'excuse-t-on ?

Même entre gens bien élevés, la vie collective offre de fréquentes occasions de se gêner mutuellement. Le code de politesse exige alors qu'on répare le préjudice subit 

Dans sa vie personnelle ou professionnelle, une fois surmontée la peur de passer pour un faible, d'être rabroué, s'excuser est une preuve d'humilité (à moins de considérer les excuses comme humiliantes). C'est aussi admettre ses erreurs, exprimer des regrets pour ce geste ou cette parole malheureuse, et ainsi montrer toute la considération que l'on porte à ses semblables. « Lorsque nous avons commis une faute, le mieux que nous pouvons faire est de la réparer ou au moins de dédommager la victime,  La culpabilité est là pour nous rappeler que notre dette n'est pas effacée tant que nous n'avons pas réparé les torts causés à autrui. »

Et cela vaut aussi pour le pied de la voisine malencontreusement mais rudement écrasé dans les transports en commun. Le « vraiment désolé(e) » contribue à vouloir apaiser la douleur ou le désagrément d'un soulier souillé.  En présentant ses excuses à quelqu'un qu'on a bousculé, par exemple, on fait la preuve de son "éducation", mais on lui donne également l'occasion de manifester la sienne par la grâce d'un "je vous en prie" magnanime 

Dans quel délai présenter ses excuses ?

L'excuse a-t-elle une heure, sinon une date, de péremption ? A défaut de les avoir envisagées spontanément, les excuses doivent être présentées sans délai.

Si s'excuser n'est jamais chose aisée,  le délai dans lequel  les excuses sont présentées a un impact déterminant sur la façon dont elles sont perçues » : plus vous tarderez, plus vous aurez du mal à les faire accepter. « Paradoxalement, moins l'offense est grave, plus il est important de s'en excuser rapidement. A l'inverse, si vous avez causé un tort sérieux à quelqu'un, il vaut mieux permettre aux émotions de retomber un peu avant de vous exprimer. 

S'excuser est-il utile ?

L'excuse vaut réparation pour l'offensé et contribue à alléger le fardeau de l'offenseur, englué qu'il devrait être dans un insoutenable sentiment de culpabilité ! L'enfant qui se rend compte qu'un de ses gestes a fait mal à un camarade peut s'en excuser afin de faire taire immédiatement sa culpabilité. Car la réparation de la faute ou la présentation d'excuses permet d'alléger la culpabilité. Mais l'acte réparateur ne peut-être accompli de la seule volonté de l'offenseur et requiert la collaboration de la victime, qui seule peut accorder son absolution. C'est pourquoi on lui présente des excuses que, selon l'usage, elle se doit d'accepter 

« Des excuses ont la capacité de désarmer les autres de leur colère et d'empêcher d'autres malentendus elles ont une incidence positive sur les fonctions corporelles : la pression artérielle diminue, la fréquence cardiaque et la respiration deviennent plus régulières ».

Enfin, les excuses contribuent à rétablir une relation de confiance avec une personne qu'on a lésée ou blessée, mais aussi à consolider cette relation, notamment dans le domaine professionnel. avoir s'excuser est un ingrédient clé de la construction de relations de qualité, si nécessaires à la performance. Une excuse réussie vous rapproche des gens et accroît votre capital de sympathie, une composante importante de la crédibilité nécessaire à l'exercice de votre leadership 

Quelles sont les limites de l'excuse ?

Des excuses qui donnent l'impression d'être formulées à contrecœur peuvent avoir un effet dévastateur sur une relation. Avec ses regrets, le coupable se reconnaît auteur des actes incriminés et en assume la responsabilité. La victime peut alors, si elle le souhaite et si elle en est capable, offrir son pardon. Quand on pardonne, on tourne la page et on passe à autre chose : on décide de ne plus accorder d'importance à la faute.

Mais pour consentir au pardon, les excuses doivent être sincères et non contraintes. Car, il faut le reconnaître, nous sommes habitués à devoir faire nos excuses par politesse, la sincérité ne vient qu'au deuxième plan.

Autre bémol, si s'excuser est bénéfique pour l'estime de soi et contribue à avoir le sentiment de contrôler la situation, il est aussi démontré que, paradoxalement, celui qui refuse de s'excuser en retirerait les mêmes « bienfaits ».

Alors, s'excuser ou pas ? « Inscrire la réparation dans un échange, c'est marquer symboliquement que l'accord et le lien priment sur les aléas de la vie. Le rituel des excuses, parce qu'il nécessite la collaboration de l'offenseur et de l'offensé est bien une occasion supplémentaire de célébrer la convivialité en confirmant à chacun sa place et le respect qu'on lui doit. »


Alors...quoique !